Chez Clo!

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Bruyance (Humeur)

J'ai eu l'occasion de réfléchir dernièrement sur la nuisance que peut être le bruit lorsqu'on loge en appartement. Il y a peu de situations, me semble-t-il, qui me mettent dans un état d'énervement intérieur qui trés rapidement devient extérieur, mais le bruit à outrance en est une, incontestablement. 
 
Ce qui m'énerve, ce n'est pas les bruits de vaisselle, de douche, de chasse d'eau, ce n'est pas non plus les bruits de portes, de placards, ou même les bruits de pas et autres bruits du quotidien, qui sont ponctuels, inévitables et incontrolables; ce n'est pas davantage les bruits de discussions un peu fortes pour cause de trouble ménagé, bien que ce soit affligeant, ni les bruits indiscrets qui peuvent parfois conclure le dénouement du trouble mentionné plus haut...cool
Bref, ce qui m'énerve dans le bruit à outrance c'est le "boum-boum" musical (voilà deux mot qui se conjuguent trés mal..), intempestif, désordonné et excessif...rolleyes
 
Boum...boum..boum...à 8h45 du matin....
Boum....boum....boum...à 10h
Boum.....boum.......boum....à 14h
Boum....boum...boum....à 16h30
Boum...boum..boum....à 20h50
Boum...boum..boum....à 22h30
Boum.....boum...boum...à 23h15
Boum...boum....boum......à 00h15
 
Rhâaaaaaaaaa........!!!!!!!!!!!!!!!!!!! mad
 
D'abord, je ne dis rien...
Ensuite je monte le volume de ma propre musique pour couvrir le boum-boum...
Puis, je monte encore plus fort...
Puis, je commence à rager...
Finalement je me mets à parler un peu fort, je marche de gauche à droite, je bouge les chaises..bref je m'énerve...
Et pour finir, aprés avoir imploré le ciel, je descends d'un étage et je cogne....à la porte...eek
 
Voyant mon état, je me suis questionnée pour comprendre pourquoi quelque chose d'aussi anodin que de la musique pouvait m'énerver ainsi. J'en suis arrivée à la conclusion que le boum-boum imposé était une marque délibéré de négation de l'autre, bien que ce ne soit pas conscienment fait ainsi, en règle générale, en tout cas pour ce qui concerne ma voisine chez qui j'ai été cogné un soir à bout de nerfs, ou presque!
 
La personne qui met ainsi sa musique ne prend pas le temps de se demander si le volume est adéquate, non seulement pour elle mais surtout pour ceux et celles qui l'entourent. Ce qui passe avant tout c'est sa propre personne. L'autre, qui n'est pas elle, qui est en dehors de son monde, de sa réalité, n'existe tout simplement pas. Dans le cas de ma voisine, je crois que l'éventuel désagrément qu'elle pouvait causer par le choix de son volume sonore musical, était une question qui ne lui traversait même pas l'esprit, donc dans un sens je ne lui en veux pas. Ce n'est que lorsque je suis finalement venu cogner à sa porte que j'ai ajouté dans sa réalité cet élément de réflexion qu'elle n'avait pas pris en compte jusqu'à ce jour, tout simplement parce qu'elle n'avait pas "frappé un mur" à ce sujet.
 
Donc, oui, je me sentais niée par ce boum-boum omniprésent, et j'ai compris alors ces gens qui peuvent perdre le contrôle d'eux-même, de leur raison, de leur pulsion, suite à un matraquage sonore délibérément imposé, et qui en arrivent malheureusement à des gestes fatals...cry
 
Autant le jeune qui s'assourdi de boum-boum se donne l'impression d'exister par ce biais car il se sent vibrer, autant celui a qui c'est imposé peut avoir le sentiment contraire...étrange paradoxe qui s'origine dans le même état intérieur: l'absence du sentiment d'être.
 
Il n'y pas de solution miracle dans ce genre de situation, mais il y a une impasse qu'il est possible d'éviter si on en fait le choix délibéré: l'affrontement, la colère, la violence. C'est malheureusement le chemin le plus facile à prendre, celui vers lequel nos reflexes de "self-estime" nous poussent. Pourtant, si d'un côté comme de l'autre le sentiment de ne pas ou de ne plus exister est présent, quoi de plus logique que d'aller vers l'autre pour lui donner d'être en le considérant à la même hauteur que soi-même, si ce n'est même un peu plus haut..? Logique, oui.....facile, non wink
 
Pour conclure avec ma voisine:
Le lendemain du jour où je suis descendu cogner chez ma voisine,  je la croise dans l'escalier principal alors qu'elle arrive tout juste chez elle. Tandis qu'elle cherche ses clés, je lui dis en souriant: "je m'en vais, tu vas pouvoir mettre ta musique fort...". Elle me répond d'un sourire. Depuis, lorsque le volume sonore est un peu exagéré, je monte le mien et assez rapidement elle s'ajuste de bonne grâce...regrettant peut-être que je ne sois pas plus souvent en dehors de chez moi, pour pouvoir s'en donner à coeur joie..!
 wink